SE CONVETIR: UNE AUTRE MANIÈRE DEVIVRE
Enrique Martínez LozanoLc 13, 1-9
On dirait que c'est “l'appel à la conversion” qui sert de lien aux deux parties du présent récit.
Dans la première, Jésus défait l'idée originelle (traditionnelle), d'après laquelle, les malheurs et, en général, la douleur, seraient conséquence du péché. Cette croyance ne faisait qu'ajouter de la culpabilité et de l'angoisse à des situations douloureuses.
Cependant, si bien il semble être paradoxale, immédiatement après, fait voir que nos actions ont forcement des conséquences: 2 si vous ne vous convertissez pas, vous périssez tous de la même manière ». et ce serait la manière adéquate de comprendre ce qui, dans d'autres traditions, on connaît comme karma ou loi karmique, et dont la formulation peut s'exprimer de cette manière: dans le monde des formes, toute action provoque un résultat (« qui sème le vent, récolte la tempête »)
Mais, s'agissant d'un thème délicat, étant donné les lectures pressées et érronées, une clarification semble nécessaire. Les actions qui produisent karma sont celles dans lesquels il y a une certaine forme d'appropiation, parce que nous allons à la recherche de quelque fruit. Par contre, quand nous vivons désappropriation, l'action adéquate passe par nous, comme si elle le faisait à travers un canal, proprement. La désappropriation concernant le fruit de l'action élimine les effects négatifs.
Une telle désappropriation signifie que la personne ne s'identifie pas avec le « je » (moi); elle n'a pas conscience d'être le créateur. Tout comme une vague émerge de l'océan, puis y revenir, ainsi, l'action surgit chez la personne pour disparaître de la même manière.
Le changement qui va d'une attitude à une autre égoique à une autre désappropriée, Jésus l'appelle «conversion» (metanoia).
En ligne avec la lecture moralisatrice des textes de l'Évangile, les paroles de Jésus résonnaient comme grave menace: «Si vous vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière." On ne savait pas ce que signifiait la «conversion», mais certainement ça sonnait à mortification, culpabilité et confession. Et c'était perçu comme une «épée de Damoclès» suspendue au-dessus de nos têtes, avec l'image d'un Dieu menaçant au fond.
Il n'existe pas de tel. Le mot «conversion» ne fait pas référence à une aucune menace -dans le sens habituel du terme-, mais c'est promesse de vie. Pour ne pas «périr» - «Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa vie", dira Jésus lui-même (Mc 8,36) - il est nécessaire de «se convertir», c'est-à-dire, d'apprendre à voir les choses «autrement», au-delà (méta) notre esprit (nous), ce qui produit un changement dans la personne.
La transformation, selon Jésus, n'est autre que l'abandon de l'ego: «Qui veut sauver son ego, perd la vie, mais celui qui la perd pour moi et pour la bonne nouvelle, la sauvera» (Mc 8:35).
C'est une question de compréhension, de voir que notre véritable identité n'est pas le je (moi). Et que, lorsque nous oublions cela, nous vivons pour lui, sans être conscients que, ainsi, nous sommes en train de perdre la vie. L'identification avec le je (moi) nous fait vivre en clé d'attachement (à ce qui nous semble agréable) et de rejet (envers ce que nous étiquetons comme négatif), tournant autour de nous-mêmes et à la merci des inévitables allées et venues de l'impermanence dans le monde formes.
Lorsque nous laissons de nous identifier avec lui, nous sommes ouverts à la totalité, d'une manière respectueuse et admirée. Nous acceptons les «haut» et les «bas» de l'existence, nous nous abandonnons à ce qui est (qui prend la forme de "ce qui arrive") et nous reposons dans la confiance que tout émerge, de façon permanente, de tout le Réel, quand nous savons nous mettre à l' écoute.
Nous quittons l'arrogance de celui qui croit savoir ce qui est «bon» à tout moment et nous vivons l'acceptation humble et la docilité désappropriée afin que ce que la Vie nous offre «passe» à travers nous.
On dit du roi Alphonse X le Sage que, pendant qu'on lui lisait le récit de la Genèse, il déclara: «Si j'avais été avec Dieu le jour de la création du monde, je lui aurait donné quelques conseils". C'est exactement la façon dont s'exprime l'ego. Ce n'est que lorsque nous nous laissons tomber cette arrogance, nous nous ouvrons à la sagesse: ce pas s'appelle metanoia.
Enrique Martínez Lozano
Traducción de María Ortega