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CE N'EST QU'EN VIVANT LE ROYAUME QUE NOUS POURRONS LE COMMUNIQUER

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Lc, 10, 1-12; 17-20

Luc est le seul évangéliste qui raconte la mission des 72 (ou des 70 selon certains manuscrits). Avant cela, il rapporte aussi celle des douze. Il a surement voulu accentuer le caractère universel de la prédication de la nouvelle communauté. Douze était le nombre des tribus d'Israël. Soixante dix, selon la Genèse, celui des nations païennes.

Etant en Samarie, il est logique de penser que la majorité de ces soixante dix étaient des samaritains. Pour lea autres évangélistes, la limite de la gentilité était la frontière de Galilée, pour Luc elle se situe en Samarie, parce qu'ils étaient en marge de la religion juive officielle.

Dimanche passé, il était question de l'échec des disciples dans leur intention de préparer le chemin de Jésus dans sa montée vers Jérusalem. Il est probable que Luc ait voulu insérer cet envoi de « soixante douze autres » pour laisser une bonne impression. Ces derniers rentrent « très contents » de leurs escapades et sont mieux accueillis que les disciples. « Deux par deux », parce que, dans un jugement, l'opinion d'un seul n'avait aucune valeur pour les juifs, et que les missionnaires sont surtout des témoins. Et aussi parce que le message doit toujours être proclamé par la communauté.

N'allez pas penser qu'il s'agit d'envoyer un certain nombre de spécialistes en communication. Il ne s'agit pas de recommandations à quelques individus choisis. L'évangile dit simplement « il en envoya soixante douze autres ». Il n'est même pas dit qu'ils aient été des disciples. On suppose que tout chrétien a, par le fait de l'être, la mission de proclamer la bonne nouvelle dont il vit.

Le mode de cette prédication peut être différent, mais la base, le fondement de toute prédication, est la vie elle même de chaque chrétien. Vivre en chrétien, est la meilleure des prédications, celle qui convainc. Nous prêchons à tout moment, pour le bien ou pour le mal

Il n'est pas facile de délimiter ce que ce récit possède de strictement historique. Outre le fait que Luc est le seul à le rapporter, cela exigerait un degré d'organisation qui ne se perçoit pas dans le groupe de ceux qui ont suivi Jésus. Le symbole contenu dans les nombres 12 et 70, nous incite à penser qu'il s'agit de récits élaborés postérieurement. Par ailleurs, pour prêcher le Royaume, il est nécessaire de l'avoir compris et expérimenté. Les évangiles se chargent de montrer que les douze eux mêmes ne s'étaient rendus compte de rien avant l'expérience pascale.

Les recommandations de Jésus sont la clé de toute annonce du message chrétien. Elles sont placées dans la bouche de Jésus, mais elles constituent les conditions minima que chaque chrétien doit remplir pour porter aux autres la Bonne Nouvelle. Il ne s'agit en aucun cas d'une doctrine qu'il leur faudrait enseigner ou de normes morales qu'ils devraient exiger. Ce dont il s'agit, c'est de communiquer ce que Dieu est pour tous sans conditions ni exceptions. Cette tâche-là, la première communauté l'a accomplie partout où elle s'implanta. Elle constitue la principale tâche de tout chrétien, quels que soient le lieu et le temps où il se trouve.

1 – Itinérance. « Allez ». Tel fut le type d'existence choisi par Jésus quand il commença à proclamer sa bonne nouvelle. Il était dit dimanche passé qu'il n'avait pas où reposer la tête. Ce détachement par rapport à tout type de sécurité est l'attitude fondamentale que tout envoyé doit faire sienne.

2 – Difficulté. « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Au moment où furent écrits les évangiles, les premières communautés chrétiennes vivaient l'opposition du monde juif comme du monde païen. Dénoncer l'oppression ou le despotisme du pouvoir n'est pas du goût de ceux qui vivent dans cette perspective et en tirent profit sur le dos des autres.

Malheureusement, quand le christianisme posséda le pouvoir, il se comporta comme le loup au milieu d'agneaux; déguisé en brebis, c'est vrai. Du point de vue du pouvoir il est impossible de deviner ce qui serait bon pour l'autre. Le profit qu'en retire la personne ou l'institution n'est pour personne une bonne nouvelle.

3 – Pauvreté. « Ni bâton, ni bourse, ni sandales ». La pauvreté matérielle est incontournable, mais uniquement comme le signe de dépassement des sécurités. Elle est le signe qu'on ne s'appuie pas sur des moyens extérieurs pour mener à bien la mission. Le danger est de faire de la prédication de l'évangile une réussite humaine.

Il s'agit de n'avoir confiance qu'en Dieu et dans le message. Ne rechercher des sécurités d'aucun type, ni dans l'argent, ni dans le pouvoir, ni dans le prestige, ni dans les moyens, y compris ceux de la communication. Nous sommes aujourd'hui dans l'obligation d'utiliser au maximum les moyens de communication que la technique met à notre disposition, mais ne pouvons mettre en eux notre confiance.

4 – Urgence. « Ne vous attardez pas en salutations ». Il ne s'agit pas de refuser de saluer les gens rencontrés en chemin. « Saluer » avait pour eux une signification bien différente d'aujourd'hui. La salutation entraînait un long cérémonial pouvant durer des heures ou des jours. La recommandation veut mettre en relief l'urgence de la tâche à accomplir.

Il est surement fait référence à l'arrivée imminente de la fin des temps, à laquelle croyaient dur comme fer les premières communautés chrétiennes.

5 – Paix. « Dites d'abord: Paix! » Pour bien comprendre cette recommandation, il faut prendre en compte le sens de la « paix » pour les juifs de l'époque. Elle ne signifiait pas seulement l'absence de problèmes et de conflits, mais l'abondance des moyens pour qu'un être humain puisse atteindre sa plénitude humaine.

Porter la paix est le fait de procurer ces moyens qui font que l'homme puisse se sentir bien et invité à rendre humain son entourage. Ce qui veut dire ne pas être cause de tensions, qu'elles soient extérieures ou intérieures. Ce qui consisterait à aider les hommes à être plus humains. Où qu'il aille, le chrétien doit apporter harmonie, compréhension, amour, paix.

6 – Humilité. « Mangez et buvez de ce qu'il y a ». C'est une des attitudes les plus difficiles. Se mettre au niveau de l'autre. Accepter ses coutumes, sa culture, sa personnalité... Il s'agit de ne chercher qu'à être disponible à tous, sans rien attendre en retour, mais acceptant humblement ce qu'on donne; dans la mesure où c'est indispensable, nourriture, logement, etc.

Comme il est difficile de ne pas imposer ce qui nous est propre! Beaucoup de tentatives d'évangélisation ont échoué pour ne pas tenir compte de cet aspect. Plus difficile encore est d'accepter de dépendre des autres concernant les besoins de base, ne pouvoir choisir ni ce qu'on mange, ni avec qui.

7 – Soignez. « Soignez les malades ». Il n'est pas seulement fait référence aux maladies physiques. Tout ce qui empêche l'être humain d'être lui même ets maladie. De fait les 70 font allusion au seul fait que les démons leur étaient soumis. Nous donnons encotre trop d'importance à la santé corporelle, sans réaliser qu'un être humain même gravement malade, peut atteindre sa plénitude.

Soigner signifie éloigner d'un être humain tout ce qui l'empêche d'être lui même. Les maladies physiques sont aujourd'hui prises en charge par la médecine. Mais qu'en est-il des maladies psychiques ou mentales qui bouleversent l'existence de si nombreuse personnes?

8 – Bonne nouvelle (évangile). « Le royaume, qui est Dieu, est tout près ». Pas de discours théologiques ou apologétiques, rien de propagandes idéologiques, rien de doctrines, rituels ou normes morales... La seule chose que doit savoir un être humain, c'est que Dieu l'aime.

Prêcher le royaume qui est Dieu, est faire voir à chaque être humain que Dieu est quelque chose de proche, si près qu'il est le plus profond de son être, qu'il n'est pas nécessaire de chercher aucun site extraordinaire, ni le temple,ni les religions, ni les doctrines, ni les rites,ni l'accomplissement de la norme. Dieu est en toi. Découvre le et tu posséderas tout.

Sans ces conditions, la prédication devient inutile. Il n'est pas facile de sortir de dynamique de propagande, du prosélytisme à tout prix, à la recherche de comment renforcer davantage l'institution que le service des personnes.

Celui qui va proclamer le royaume de Dieu doit manifester qu'il appartient à ce Royaume-là. Il doit répondre aux besoins de l'autre. Il lui faut être disposé sans cesse au service. Il ne doit absolument rien exiger, pas même l'adhésion. Il lui faut se borner à faire une proposition.

 

Méditation – contemplation


Réfléchis sincèrement, essaie de découvrir la vérité:

Quel est le premier de tes soucis?

La nourriture? Le vêtement? La santé? Le logement? Le prestige?

Chercher des sécurités est-il le but de tes efforts?

Ou est-ce de vivre le Royaume?

 

Prends garde en même temps de ne pas tomber dans la démagogie facile.

Tu as l'obligation de te soucier de ces besoins de base.

Dieu veut que tu atteignes le plus grand bien-être possible

pour toi et pour les autres.

La priorité étant toujours de déployer ton humanité.

 

Ne te laisse pas entraîner par ce que demande le corps.

N'oublie pas que tu es aussi et surtout, esprit.

Ecoute aussi ton être profond;

ce qu'il te demande te mèneras vers ta plénitude et ton bonheur.


Fray Marcos

(Traduction Maurice Audibert)

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