LE GESTE LE PLUS SCANDALEUX
José Antonio PagolaLc 15, 1-32
Le geste le plus provocateur et le plus scandaleux de Jésus a été sans aucun doute sa manière d’accueillir avec une sympathie particulière les pécheurs et pécheresses, exclus par les chefs religieux et marqués socialement par leur comportement en dehors en marge de la Loi. Jésus doit manger amicalement avec eux.
D’ordinaire, nous oublions que Jésus a créé une situation surprenante dans la société de son temps. Les pécheurs ne le fuient pas. Au contraire, ils se sentent attirés par sa personne et par son message. Luc nous dit que «les pécheurs et les publicains venaient à Jésus pour l’écouter». Apparemment, ils trouvent en lui un accueil et une compréhension qu’ils ne trouvent nulle part ailleurs.
Pendant ce temps, les secteurs pharisiens et les docteurs de la loi, des hommes jouissant du plus grand prestige moral et religieux devant le peuple, ne savent que critiquer, scandalisés, le comportement de Jésus : «Celui-ci accueille les pécheurs et mange avec eux». Comment un homme de Dieu peut-il manger à la même table avec ces personnes pécheresses et indésirables?
Jésus n’a jamais prêté attention à leurs critiques. Il savait que Dieu n’est pas le juge sévère et rigoureux dont ces maîtres qui occupaient les premiers sièges dans les synagogues, parlaient avec tant d’assurance. Il connaît bien le coeur du Père. Dieu comprend les pécheurs; Il offre son pardon à tous; Il n’exclut personne; Il pardonne tout. Personne ne doit obscurcir ni défigurer son pardon insondable et gratuit.
C’est pour cela que Jésus leur offre leur compréhension et leur amitié. Ces prostituées et ces collecteurs d’impôts doivent se sentir accueillis par Dieu. C’est la première chose. Ils n’ont rien à craindre. Ils peuvent s’asseoir à sa table, ils peuvent boire du vin et chanter des cantiques avec Jésus. Son accueil les guérit de l’intérieur. Il les libère de la honte et de l’humiliation. Il leur rend la joie de vivre.
Jésus les accueille tel qu’ils sont, sans rien leur demander au préalable. Il leur transmet progressivement sa paix et sa confiance en Dieu, sans être sûr qu’ils répondront par un changement de comportement. Il fait totale confiance à la miséricorde de Dieu qui les attend déjà les bras ouverts, comme le père bon qui court à la rencontre de son fils perdu.
La première mission d’une Eglise fidèle à Jésus n’est pas de condamner les pécheurs mais de les comprendre et de les accueillir en toute amitié. À Rome, il y a quelques mois, j’ai pu vérifier que, chaque fois que le pape François insistait pour dire ou : sur le fait que Dieu pardonne toujours, qu’il pardonne tout, qu’il pardonne à tout le monde…, les gens applaudissaient avec enthousiasme. C’est sûrement ce que de nombreuses personnes à la foi faible et vacillante ont besoin d’entendre clairement de l’Église aujourd’hui.
José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna
Publicado en www.gruposdejesus.com