LES TENTATIONS DE L'ÉGLISE, AUJOURD'HUI
José Antonio PagolaLa première tentation a lieu dans le «désert»
Après un long jeûne, consacré à la rencontre avec Dieu, Jésus a faim. C'est alors que le tentateur lui suggère d'agir en pensant à lui-même et en oubliant le projet du Père: «Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent pain». Jésus, affaibli mais plein de l'Esprit de Dieu, réagit: «L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». Il ne vivra pas en cherchant son propre intérêt. Il ne sera pas un Messie égoïste. Il multipliera les pains quand il verra les pauvres affamés. Il se nourrira de la Parole vivante de Dieu.
Chaque fois que l'Église cherche son propre intérêt, oubliant le projet du Royaume de Dieu, elle s'écarte de Jésus. Chaque fois que nous, chrétiens, nous mettons notre bien-être avant les besoins des plus petits, nous nous détournons de Jésus.
La deuxième tentation a lieu dans le «temple»
Le tentateur propose à Jésus de faire son entrée triomphale dans la ville sainte, en «descendant d'en haut» comme un Messie glorieux. La protection de Dieu est assurée. Ses anges «prendront soin» de lui. Jésus réagit rapidement: «Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu». Il ne sera pas un Messie triomphant. Il ne mettra pas Dieu au service de sa gloire. Il ne fera pas de «signes venant du ciel». Mais seulement des signes pour guérir les malades.
Chaque fois que l'Église met Dieu au service de sa propre gloire et «descend d'en haut» pour montrer sa propre dignité, elle s'écarte de Jésus. Quand nous, les disciples de Jésus, nous cherchons à «paraître bien» plutôt qu'à «faire le bien», nous nous détournons de lui.
La troisième tentation se déroule sur une «très haute montagne»
Tous les royaumes du monde peuvent être vus de son sommet. Tous sont contrôlés par le diable, qui fait à Jésus une offre étonnante: il lui donnera tout le pouvoir du monde. A une seule condition: «Si tu te prosternes et si tu m'adores». Jésus réagit violemment: «Va-t'en, Satan». «Seul le Seigneur, ton Dieu, tu adoreras». Dieu ne l'appelle pas à dominer le monde comme le faisait l'empereur de Rome, mais à servir ceux qui vivent opprimés par son empire. Il ne sera pas un Messie dominant, mais un serviteur. Le royaume de Dieu ne s'impose pas avec puissance, il s'offre avec amour.
Aujourd'hui, l'Église doit chasser toutes les tentations de pouvoir, de gloire ou de domination, en criant avec Jésus: «Va-t'en, Satan». Le pouvoir mondain est une offre diabolique. Quand nous, chrétiens, nous le cherchons, nous nous détournons de Jésus.
José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna
Publicado en www.gruposdejesus.com