UNE PORTE OUVERTE
José Antonio PagolaNous sommes trop piégés par l’«ici» pour nous soucier de l’«au-delà». Soumis à un rythme de vie qui nous étourdit et nous asservit, accablés par une information étouffante à propos de nouvelles et d’événements quotidiens, fascinés par les mille attraits que met entre nos mains le développement technique, il ne semble pas que nous ayons besoin d’un horizon plus large que “cette vie” dans laquelle nous évoluons.
Pourquoi penser à «une autre vie»? Ne vaut-il pas mieux consacrer toutes nos forces à organiser au mieux notre existence dans ce monde? Ne devrions-nous pas tout faire pour vivre pleinement cette vie d’aujourd’hui et nous taire sur tout le reste? Ne vaut-il pas mieux accepter la vie avec ses points obscurs et ses énigmes, et laisser «l’au-delà» comme un mystère dont nous ne savons rien?
Cependant, l’homme contemporain, comme celui de tous les temps, sait qu’au fond de son être, il y a toujours la question la plus grave et la plus difficile à laquelle répondre: qu’adviendra-t-il de nous tous et de chacun d’entre nous? Quelle que soit notre idéologie ou notre foi, le vrai problème auquel nous sommes tous confrontés est notre avenir. Quelle fin nous attend?
Peter Berger nous a rappelé avec un réalisme profond, que «toute société humaine est en définitive un regroupement d’hommes face à la mort». Aussi, est-ce précisément face à la mort qu’apparaît le plus clairement la «vérité» de la civilisation contemporaine qui, curieusement, ne sait qu’en faire si ce n’est la cacher et éviter le plus possible son défi tragique.
La position de personnes comme Eduardo Chillida semble plus honnête. À une occasion il s’est exprimé en ces termes: «Sur la mort, la raison me dit qu’elle est définitive. Sur la raison, la raison me dit qu’elle est limitée».
C’est là qu’il faut situer la position du croyant, qui sait affronter avec réalisme et modestie le fait incontournable de la mort, mais qui le fait à partir d’une confiance radicale au Christ ressuscité. Une confiance qui peut difficilement être comprise «de l’extérieur» et qui ne peut être vécue que par ceux qui, au moins une fois, ont entendu, au plus profond de leur être, ces paroles de Jésus: «Je suis la résurrection et la vie. Crois-tu cela»?
José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna
Publicado en www.gruposdejesus.com