LA PREMIÈRE PAROLE DE JÉSUS
José Antonio PagolaL’évangéliste Matthieu prend grand soin du cadre dans lequel Jésus fait son apparition publique. La voix de Jean-Baptiste s’éteint et une nouvelle voix, celle de Jésus, commence à se faire entendre. Le paysage sec et lugubre du désert disparaît et la verdure et la beauté de la Galilée occupent le devant de la scène. Jésus quitte Nazareth et s’installe à Capharnaüm, sur les rives du lac. Tout suggère l’émergence d’une nouvelle vie.
Matthieu nous rappelle que nous sommes dans la «Galilée des gentils». Il sait que Jésus a déjà prêché dans les synagogues juives de ces villages et n’a pas fréquenté les païens. Mais la Galilée est un carrefour; Capharnaüm, une ville ouverte sur la mer. C’est de là que viendra le salut pour tous les peuples.
Pour l’instant, la situation est tragique. S’inspirant d’un texte du prophète Isaïe, Matthieu constate que «le peuple habite dans les ténèbres». Sur la terre, «il y a des ombres de mort». L’injustice et le mal règnent. La vie ne peut pas se développer. Les choses ne sont pas comme Dieu veut qu’elles soient. Le Père ne règne pas ici.
Cependant, au milieu des ténèbres, le peuple commencera à voir «une grande lumière». Parmi les ombres de la mort, «une lumière commence à briller». C’est toujours Jésus: une grande lumière qui brille dans le monde.
Selon Matthieu, Jésus commence sa prédication par un cri: «Convertissez-vous». C’est son premier mot. C’est l’heure de la conversion. Nous devons nous ouvrir au royaume de Dieu. Il ne faut pas rester «assis dans les ténèbres», mais «marcher dans la lumière».
Dans l’Église, il y a une «grande lumière». C’est Jésus. En lui, Dieu se révèle à nous. Nous ne devons pas le cacher avec notre protagonisme. Nous ne devons pas le supplanter par quoi que ce soit. Nous ne devons pas le transformer en doctrine théorique, en théologie froide ou en paroles ennuyeuses. Si la lumière de Jésus s’éteint, nous, chrétiens, deviendrons ce que Jésus craignait tant: «des aveugles qui essaient de guider des aveugles».
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, le premier mot que nous devons entendre est toujours: «Convertissez-vous»; retrouvez votre identité chrétienne ; revenez à vos racines ; aidez l’Église à passer à une nouvelle étape du christianisme plus fidèle à Jésus; vivez avec une nouvelle conscience d’être des disciples; mettez-vous au service du royaume de Dieu.
José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna
Publicado en www.gruposdejesus.com