PASSION POUR DIEU ET COMPASSION POUR LES ÊTRES HUMAINS
José Antonio PagolaLorsqu'elles oublient l'essentiel, les religions s'égarent facilement dans les sentiers de la médiocrité pieuse ou de la casuistique morale, ce qui non seulement les rend incapables d'une relation saine avec Dieu, mais peut aussi nuire gravement aux gens. Aucune religion n'échappe à ce risque.
La scène racontée dans les Évangiles a pour toile de fond une atmosphère religieuse dans laquelle les prêtres et les maîtres de la loi classent les centaines de commandements de la loi divine en «faciles» et «difficiles», «sérieux» et «légers», «petits» et «grands». Il est presque impossible de se déplacer avec un coeur sain dans cette toile.
La question posée à Jésus vise à retrouver l'essentiel, à découvrir «l'esprit perdu»: quel est le commandement principal, qu'est-ce qui est essentiel, où est le noyau de tout cela? La réponse de Jésus, comme celle de Hillel et d'autres maîtres juifs, saisit la foi fondamentale d'Israël: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton être». «Tu aimeras ton prochain comme toi-même».
Que personne ne pense qu'en parlant de l'amour de Dieu, il s'agit d'émotions ou de sentiments envers un Être imaginaire, ni d'invitations à des prières et à des dévotions. «Aimer Dieu de tout son coeur», c'est reconnaître humblement le Mystère ultime de la vie; orienter avec confiance son existence selon Sa volonté: aimer Dieu comme un Père, qui est bon et qui nous aime bien.
Tout cela marque la vie de manière décisive, car cela signifie louer l'existence depuis ses racines; participer à la vie avec gratitude; opter toujours pour le bon et le beau; vivre avec un coeur de chair et non de pierre; résister à tout ce qui trahit la volonté de Dieu en niant la vie et la dignité de ses fils et de ses filles.
C'est pourquoi l'amour pour Dieu est inséparable de l'amour pour nos frères et soeurs. C'est ce que Jésus nous rappelle: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Il n'y a pas de véritable amour pour Dieu sans l'écoute de la souffrance de ses fils et de ses filles. Quelle religion y aurait-il dans laquelle la faim des sous-alimentés ou l'excès des satisfaits ne soulèverait aucune question ou préoccupation pour les croyants? Ceux qui résument la religion de Jésus à «la passion pour Dieu et la compassion pour l'humanité» n'ont pas tort.
José Antonio Pagola
Traductor: Carlos Orduña
Publicado en www.gruposdejesus.com