NE PAS TUER L'ESPOIR
José Antonio PagolaJésus a été un infatigable créateur d'espoir. Toute sa vie a consisté à transmettre aux autres l'espérance qu'il vivait lui-même du plus profond de son être. Aujourd'hui, nous entendons son cri d'alarme: «Levez-vous, relevez la tête, votre délivrance est proche. Mais prenez garde: ne laissez pas vos esprits s'abrutir par le vice, la boisson et les soucis d'argent».
Les paroles de Jésus n'ont pas perdu de leur actualité, car aujourd'hui encore, nous continuons à tuer l'espoir et à gâcher la vie de bien des manières. Ne pensons pas à ceux qui, sans aucune foi, vivent selon le «mangeons et buvons, car demain nous mourrons», mais à ceux d'entre nous qui, se disant chrétiens, peuvent tomber dans une attitude pas très différente: «mangeons et buvons, car demain le Messie viendra».
Lorsque le but presque unique d'une société est la satisfaction aveugle de ses appétits et que chacun se renferme sur sa propre jouissance, l'espoir y meurt.
Les personnes satisfaites ne cherchent rien de vraiment nouveau. Elles ne travaillent pas pour changer le monde. Elles ne s'intéressent pas à un avenir meilleur. Elles ne se rebellent pas contre les injustices, les souffrances et les absurdités du monde actuel. En fait, ce monde est pour elles le «paradis» auquel elles souscriraient pour toujours. Elles peuvent se permettre le luxe de ne rien attendre de mieux.
Comme il est toujours tentant de s'adapter à la situation, de s'installer confortablement dans notre petit monde et de vivre tranquillement, sans plus d'aspirations. Presque inconsciemment, nous nourrissons l'illusion que nous pouvons atteindre notre propre bonheur sans rien changer dans notre monde. Mais n'oublions pas: «Seuls ceux qui ferment les yeux et les oreilles, seuls ceux qui sont devenus insensibles, peuvent se sentir à l'aise dans un monde comme celui-ci» (R. A. Alves).
Ceux qui aiment vraiment la vie et qui se sentent solidaires de tous les êtres humains souffrent lorsqu'ils voient que la grande majorité des gens ne peuvent toujours pas mener une vie digne. Cette souffrance est le signe que nous sommes toujours vivants et conscients que quelque chose ne va pas. Nous devons continuer à chercher le royaume de Dieu et sa justice.
José Antonio Pagola
Traductor: Carlos Orduña
Publicado en www.gruposdejesus.com