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LA PLENITUDE HUMAINE CONSISTE A SE LAISSER MANGER

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Lc 9, 11-17

Il est très difficile de ne pas céder à la tentation de n'avoir sur l'Eucharistie que des propos politiquement corrects, nous dispensant ainsi d'analyser en vérité ce qui est le sacrement le plus important de notre foi. Il faudrait analyser tellement d'aspects et il y a tant de déviations à corriger, que le seul fait de me le proposer m'effraie. Nous avons à ce point déformé le message de l'évangile que nous en avons fait quelque chose de totalement inutile à une véritable vie spirituelle.

Dans une tribu primitive, le plus dégourdi découvrit un jour comment faire du feu. Il voulut faire participer d'autres tribus aux énormes avantages que le feu pouvait apporter. Il prit le matériel nécessaire et partit vers la tribu la plus proche. Ayant réuni la communauté, il expliqua la façon de faire du feu et comment on pouvait l'utiliser pour améliorer les conditions de vie. Les gens furent dans l'admiration quand ils virent le feu pour la première fois. Il leur laissa les ustensiles nécessaires et s'en retourna dans sa tribu.

Quelque années plus tard, il revint dans ce village. En le voyant, tout le monde fut dans la joie et on le conduisit à une petite colline à l'écart de l'agglomération. Ils avaient construit là un splendide monument et y avaient placé les outils pour faire du feu. La tribu tout entière se rassemblait là pour adorer ces ustensiles si merveilleux. Mais....il n'y avait pas trace de feu dans tout le village. Leur vie était restée exactement la même qu'auparavant. Ils n'avaient tiré aucun profit du feu.

La dernière chose qui aurait pu arriver à Jésus c'est demander à ce que les autres êtres humains se mettent à genoux devant lui. Lui, si, s'était agenouillé devant ses disciples pour leur laver les pieds; et cette tâche d'esclave achevée, il leur avait dit: « Vous m'appelez Maître et Seigneur. Eh bien, si moi le Maitre et le Seigneur, je vous ai lavé les pieds, il vous faut faire la même chose ». Cette leçon ne nous a jamais intéressés. Il est plus confortable de faire de lui un objet d'adoration que de l'imiter dans le service et la disponibilité envers tous les hommes.

Nous avons fait de l'eucharistie un rite purement cultuel. La plupart du temps elle n'est rien d'autre qu'une obligation pénible dont nous nous affranchirions si nous le pouvions. Elle est devenue une cérémonie routinière, démontrant un manque absolu de conviction et d'engagement. Pour les premières communautés l'eucharistie était l'acte le plus subversif qu'on puisse imaginer. Les chrétiens qui la célébraient se sentaient obligés de vivre ce que le sacrement signifiait. Ils avaient conscience de rappeler ce qu'avait été Jésus durant sa vie et s'engageaient à vivre comme lui avait vécu.

Aujourd'hui, le plus grand problème de ce sacrement c'est qu'on a donné une importance exagérée à ses aspects secondaires (sacrifice, présence, adoration) et qu'on a oublié l'essentiel, qui est précisément son aspect sacramentel.

Quand nous employons le grand mot de « transsubstantiation » nous ne disons rien du tout, parce que la « substance » d'Aristote n'est qu'un concept qui ne correspond à rien dans la réalité physique. L'eucharistie est un sacrement. Les sacrements ne sont ni des rites magiques ni des miracles. Les sacrements sont l'union d'un signe avec une réalité signifiée.

Le signe. - Nous savons fort bien ce qu'est un signe, parce que toute la capacité de

communication que nous autres humains avons développée est à base de signes. Toutes les formes de langage ne sont pas autre chose qu'un inextricable enchevêtrement de signes. Grâce à quoi nous rendons mentalement présentes les réalités qui ne sont pas à la portée de nos sens. Dans l'eucharistie, nous utilisons deux signes:

Le pain partagé et préparé pour être mangé, est le signe de ce qu'a été Jésus durant toute sa vie. Le signe ne réside pas dans le pain en tant que chose, mais dans le fait qu'il est partagé et réparti, c'est-à dire dans la disponibilité où il se trouve qui lui permet d'être mangé. Jésus était toujours disposé à ce que tout être qui s'approche de lui puisse faire sien tout ce qu'il était lui. Il s'est laissé partager, il s'est laissé manger, il s'est laissé assimiler; ce malgré que cette attitude lui ait valu comme ultime conséquence d'être supprimé par les fonctionnaires de sa religion.

Le sang répandu. -Il est très important de savoir que pour les juifs, le sang était la vie elle-même. Dans cette perspective, il est fait allusion à la vie de Jésus qui a toujours été à la disposition des autres. Ce n'est pas sa mort qui nous sauve, c'est sa vie d'homme qui a toujours été disponible pour quiconque avait besoin de lui. La valeur sacrificielle qui a été attribuée au sacrement ne fait pas partie de l'essentiel. Il s'agit d'une connotation secondaire qui n'ajoute rien au véritable sens du signe.

La réalité signifiée.- Il s'agit d'une réalité transcendante, qui est hors de l'atteinte des sens. Si nous voulons la rendre présente, il nous faut utiliser les signes. C'est pour cela que nous avons besoin des sacrements. Dieu n'en a pas besoin, mais nous autres si, parce que c'est le seul moyen d'accéder à ces réalités. Celles ci sont éternelles et on ne peut ni les créer ni les détruire; ni les apporter, ni les emporter; ni les mettre ni les enlever. Elles sont toujours là.

En ce que fut Jésus durant sa vie, nous pouvons découvrir cette réalité, la présence de Dieu en lui. Dans le don total de lui-même, nous découvrons Dieu, qui est Don absolu et éternel.

En célébrant ce sacrement, le premier et principal objectif est de prendre conscience de la réalité divine en nous. Mais cette prise de conscience doit nous pousser à vivre cette même réalité comme Jésus l'a vécue. Toute célébration qui ne parvient pas, fût-ce de façon limitée, à atteindre cet objectif, devient complètement inutile. Célébrer l'eucharistie en pensant qu'elle m'apportera quelque chose (la grâce) de façon automatique, sans que je me compromette à servir les autres, n'est qu'auto mystification.

Dans l'eucharistie est concentré tout le message de Jésus qui est l' AMOUR. Cet Amour qui est Dieu manifesté dans le don de soi qu'a fait Jésus durant sa vie. Voilà ce que je suis: don total, amour total, sans limites. En mangeant le pain consacré et en buvant le vin consacré, je complète le signe. Ce qui veut dire que je fais mienne sa vie et m'oblige à m'identifier avec ce que fut et fit Jésus, et à vivre et faire la même chose.

Le pain qui donne Vie n'est pas le pain que je mange, mais le pain que je deviens lorsque je me donne. Je suis chrétien, non pas quand je « mange Jésus », mais quand je me laisse manger, comme il l'a fait lui.

L'être humain n'a pas à libérer ou sauver son « ego » grâce à des exercices de piété qui lui vaudraient la reconnaissance de Dieu, mais à se libérer de l' «ego» et à prendre

conscience que tout ce qu'il est vient de ce qu'il y a Dieu en lui. Tenter de renforcer le « moi », y compris par des exercices de piété, est justement le chemin opposé à l'évangile. Ce n'est que lorsque nous aurons découvert notre être véritable que nous découvrirons la fausseté de notre religion qui ne prétend que faire croître le moi, et pour toujours.

La communion n'a aucune valeur si nous lui ôtons son caractère de signe sacramentel. Le geste de manger le pain et de boire le vin consacrés est le signe de notre acceptation de ce que signifie le sacrement. Communier signifie l'obligation de faire nôtre tout ce qu'est Jésus. Que comme lui, je suis capable de donner ma vie pour les autres, non pas en mourant, mais en étant toujours disponible à quiconque peut avoir besoin de moi.

Toutes les marques de respect envers les espèces consacrées sont excellentes. Mais s'agenouiller devant le Saint sacrement et continuer à mépriser l'autre ou à ignorer le prochain n'est que dérision. Si l'attitude de Jésus ne se reflète pas dans notre vie, la célébration de l'eucharistie sera toujours de la magie à bon compte pour tranquilliser notre conscience. Il nous faut découvrir Jésus en tout être qui attend quelque chose de nous, en tout être que je puis aider à être lui-même, sachant que c'est le seul moyen de parvenir à être moi-même.

 

Méditation-contemplation


La seule réalité est l'Amour (Agapè) qui est Dieu et qui est toujours en toi.

Les signes ne sont que des moyens pour arriver à la réalité signifiée;

mais ils sont indispensables pour nous humains,

l'essentiel étant de découvrir cette Réalité et d'en vivre.

 

Si je découvre que cet AMOUR-là m'identifie à Lui,

mon être véritable sera Lui, pas moi.

Ma façon d'agir ne sera plus la mienne, mais la sienne.

C'est la seule voie pour entrer dans la dynamique de l'amour.

 

Dans chaque eucharistie que je célèbre,

je dois sentir en moi ce qui est signifié dans le rite.

En communiant, je manifeste et renforce mon intention

d'être comme Jésus, pain qui se laisse manger.

 

Fray Marcos

(Traduction Maurice Audibert)

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