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LA MISSION MALGRÉ TOUT

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Il y a cinquante ans, au Canada, dans mon pays du Québec, presque tout le monde était catholique. La pratique religieuse enregistrait des records qui frôlaient les 100%. Aujourd'hui elle est descendue à moins de 8%. On ne compte plus les temples qui sont fermés et mis en vente. Dans de pareilles circonstances, parler encore d'aller missionner en pays étranger peut paraître une absurdité.

D'autant plus que l'Église est contestée de toutes parts et la mission elle-même, dans certains milieux, est vue de plus en plus comme un paternalisme aliénant ou comme une sorte de militantisme d'avant-garde de l'impérialisme culturel et économique de l'Occident.

Pourtant, nous continuons d'insister. Nous ne lâchons pas. La critique moderne de la mission est éclairante, mais elle n'est pas l'apanage exclusif des athées et des anticléricaux. Il y a des gens de conscience dans l'Église et chez les missionnaires eux-mêmes. Comme partout ailleurs, il ne manque pas, bien sûr, de dinosaures, mais il y a aussi des penseurs éclairés et honnêtes.

À côté de la bonne sœur qui, fidèle aux consignes des « civilisateurs », lavait au savon la bouche des petits Indiens du pensionnat surpris à parler leur langue, il y a eu une légion de prêtres, de frères, de religieuses qui ont étudié la langue de ces peuples, l'ont conservée, en ont fait des dictionnaires... Pour mieux les asservir ? Pour mieux les assimiler ? Dans bien des cas, oui, dans bien des cas, peut-être que non.

Il est vrai qu'on apprenait les langues indigènes afin de transmettre notre message, nos valeurs, notre Évangile... Et qu'en arrachant les mauvaises herbes dans le champ des païens, nous avons souvent arraché aussi le bon grain. Et qu'en y semant des valeurs excellentes nous avons également semé, sans le vouloir sans doute, des germes qui ont été mortels pour les cultures indigènes.

Mais malgré tous nos travers, nos gaucheries et nos gaffes, nous avons un tas de missionnaires qui au-delà de la parole ont laissé un grand témoignage: ils ont aimé ces gens. Même jusqu'à donner leur vie pour eux. Si, un jour, quelqu'un a mangé le cœur d'un missionnaire, ce n'était pas parce qu'il aimait la chair humaine, mais parce qu'il espérait devenir aussi fort et aussi bon que le missionnaire.

Car il y a eu de bons missionnaires. Et il y en a encore. Ce qu'ils ont fait et ce qu'ils continuent de faire n'a pas de prix : ils montrent un chemin, le chemin vers l'Autre. Souvent, ils le font en marchant sur les pas des explorateurs, des ethnologues, des commerçants et même des envahisseurs, mais parfois ils le font bien avant l'arrivée de ces derniers, et quelquefois malgré eux.

Bref, dans l'œuvre missionnaire il y a des héros, des médiocres et des nuls. Mais, à tout compte fait, les bons l'emportent de beaucoup sur tous les autres. Pas de doute là-dessus.

 

Eloy Roy

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