AVANT L'ARRIVEE DU PROCHAIN EVEQUE
Foro “Curas de Madrid”(Cette traduction reprend de larges extraits du texte
que ce « Forum » a l'intention de faire parvenir au pape François
avant la nomination du nouvel évêque de Madrid).
Frères et soeurs,
Les membres du Forum « Curés de Madrid », après une année consacrée spécialement à l'analyse de la situation de l'Eglise en général, et en particulier de notre diocèse, des paroisses et communautés chrétiennes, avons souhaité vous envoyer cette lettre, au moment du remplacement imminent de notre évêque et à l'approche du 50° anniversaire de la clôture du Concile Vatican II. Nous avons l'intention de partager avec vous quelques unes de nos préoccupations, afin de chercher ensemble des solutions pratiques et imaginatives aux défis qui nous concernent comme église locale.
Il n'échappe à personne que les dernières décades ont profondément marqué le caractère de l'Eglise institutionnelle et conditionné existentiellement la spiritualité et la morale de la chrétienté dans son immense majorité.
Nous arrivons d'un printemps, qui de façon soudaine quoique largement attendue, a fait irruption dans l'Eglise avec l'aggiornamiento et le Concile Vatican II convoqué par Jean XXIII et intelligemment continué par Paul VI. Ce début, qui fut une véritable révolution copernicienne – dans les idées plus que dans la pratique - posa les bases d'un processus de changement qui aurait dû mener l'Eglise de sa forme habituelle pyramidale et cléricale à une autre plus horizontale et démocratique, communautaire et enracinée dans la spiritualité biblique, ouverte aux signes des temps et au dialogue avec la modernité, l'interculturalité et le pluralisme religieux. Bref, une forme d'Eglise respectueuse en profondeur de sa diversité interne et de la reconnaissance de l'égalité de tous les membres du peuple chrétien, centrée sur la solidarité et l'attention pour les secteurs frappés par la pauvreté.
Mais l'enthousiasme suscité par ce printemps conciliaire fut rapidement étouffé par le pouvoir clérical qui craignait de perdre le contôle sur le peuple chrétien. Et, à l'opposé du message que nous proclamons, le corps social de l'Eglise se trouva insuffisamment préparé pour affronter les tentations dont avait dû triompher Jésus au début de sa vie publique et à celles auxquelles cédaient peu à peu les dirigeants de l'Eglise. Et peu d'années après la fin du concile, les doutes de Paul VI qui avait de manière si assurée dirigé la réalisation de Vatican II, introduisirent dans l'Eglise le phénomène anachronique de l'involution. Ce regard vers le passé déboucha progressivement sur la grande restauration qui s'imposa sous les pontificats de Jean Paul II et de Benoit XVI. Les références au Concile de ces derniers leur servirent majoritairement à restaurer des doctrines et des coutumes déjà dépassées plutôt qu'à faire avancer la rénovation préconisée par la majorité conciliaire. De cette façon, la tentation de l'argent et le silence sur la pédérastie, jointes à une pastorale du spectacle désincarnée et à l'exclusion de toute divergence critique, ont
conduit trop de chrétiens et de chrétiennes à se séparer de l'Eglise catholique, plongeant cette dernière dans la perte de crédibilité et l'insignifiance. Le théologien Karl Rahner qualifiait avec justesse cette longue étape d' « hiver ecclésial ».
Dans ce contexte, l'arrivée du pape François, elle aussi inattendue, semble nous placer de nouveau sur la piste de renouveau interne et d'ouverture au monde ouverte par Vatican II. C'est dans cet esprit de renouveau et d'ouverture que nous prenons le risque de solliciter votre soutien et votre accord pour aborder ensemble les transformations dont notre diocèse a tellement besoin en toutes ses activités et établissements, ainsi que nos paroisses et communautés.
Les défis auxquels sont affrontés nos institutions exigent de nous le renforcement d'une fraternité qui soit visible dans la communauté et soit basée sur la reconnaissance d'une égale dignité et sur la possibilité de participer à tous les services qui concernent la communauté. Personne ne devrait se sentir exclu de la possibilité d'exercer l'un de ces services. Nous sommes aujourd'hui suffisamment mûrs pour pouvoir choisir -sans attendre qu'on le fasse de l'extérieur- ceux qui sont chargés d'animer notre fraternité et notre communion et d'être nos représentants, depuis les plus humbles institutions comme la paroisse et la communauté, jusqu'à la plus haute représentation, ce qu'est l'évêque, du diocèse lui même.
Nous terminons cette lettre avec une question qui est aussi une proposition:
Seriez vous disposé/e à soutenir en la signant cette campagne (suit un site Internet), informant le pape François que nous, chrétiens et chrétiennes du diocèse de Madrid, voulons participer d'une façon ou d'une autre à l'élection de notre futur évêque?
Cordialement,
Le Forum « Curés de Madrid »
(Traduction. M.A.
Juillet 2014)