LE COEUR DE L'EUCHARISTIE C'EST SE DONNER
Enrique Martínez LozanoMc 14, 12-16.22-26
Il semble qu'il n'est pas pas possible de dévoiler le sens du langage cryptique du début de ce texte, qui introduit le récit du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Que signifient le détail de homme de la cruche et tout cette manière énigmatique de parler des préparatifs? Cela nous échappe. Il y en a qui ont voulu voir dans tout cela une manière de faire "clandestine", propre à ceux qui sont persécutés. D'autres cherchent des différents symbolismes. Peut-être le plus sensé c'est de reconnaître que nous manquons de données suffisantes pour faire une lecture adéquate du texte en question.
Ce qui importe à l'auteur de l'Evangile c'est de montrer le sens de la vraie Pâque - "quand l'agneau pascal était sacrifié" - qui, selon lui, va se produire en Jésus.
Dans la Pâque juive ("pésaj"), le "passage" (littéralement "saut") de l'esclavage en Egypte à la libération est célébré lors du dîner annuel, dans lequel on mange l'agneau. Ce même jour, Marc présente Jésus comme celui en qui arrive la "nouvelle Pâque", le passage du vieux au nouveau, de la mort à la vie. Et il l'encadre dans le contexte d'un repas.
Partager le repas était un signe puissamment éloquent d'amitié et d'intimité, qui créait ou renforcait parmi ceux qui la partageaient un sentiment de solidarité. L'Évangile nous montre Jésus mangeant avec des différents groupes de personnes, en particulier avec des personnes considérées "pécheresses". Même si cela lui entraîne l'opprobre et la condamnation de l'autorité religieuse et des docteurs de la loi, il vivait le repas comme une expression du même "Royaume de Dieu" qu'il annonçait.
Mais dans ce repas il y a encore plus. Dans le cadre de la fin imminente, Jésus apparaît dévoilant le sens qu'il donne à sa mort: donner sa vie. Il sera "livré" par l'un des siens, mais vraiment c'est lui-même qui "se donne", comme pacte ou une alliance de vie.
Avec le pain, il prononce la "bénédiction" (eulogia), selon la coutume juive, qui accompagne les mots: "Prenez, ceci est mon corps", qui probablement, dans l'araméen d'origine, serait: "Prenez, ceci c'est moi" Puisqu'il ne fait pas référence à la "matérialité" du corps, comme certaine théologie beaucoup plus tard voudrait insister, mais à toute sa personne. Offrir son corps équivaut à offrir sa personne. Manger le pain signifie, donc, communier avec Jésus – le prendre lui et son message comme référence et critère de vie - et se nourrir / se reconforter avec lui.
Ensuite, prenant la coupe, il prononce, non plus la "bénédiction", mais "l'action de grâces" – formule grecque pour nommer l'Eucharistie -, avec ces mots: "Ceci est mon sang, sang de l'alliance, versé pour tous."
Le "sang" signifie aussi la même personne, quant à livrée à la mort. Et symbolise la "nouvelle alliance", qui remplace celle du Sinaï. Mais la scène, comme souligne Mercedes Navarro, "s'éloigne de la signification sacrificielle immédiate qu'on donne habituellement, puisque la boisson de la coupe implique communion dans la bénédiction, dans l'action de grâces dans ce cas".
Si le terme "eucharistie" signifie "action de grâce", le contenu du geste - à travers lequel Jésus a exprimé le sens qu'il a donné à sa vie et qu'il voulait donner à sa mort - est condensé en un seul mot: ... se livrer, jusqu'à donner vie.
Enrique Martínez Lozano
Traducción: María Ortega