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LES NOCES DE CANA (une relecture)

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Jn 2, 1-11

CONTEXTE

Si on le lit comme une chronique, ce texte est rempli d'incohérences. La première, c'est que le majordome dont c'était la charge principale n'ait pas prévu le vin en quantité suffisante. Il est difficile de comprendre que ce soit une invitée qui s'en rende compte et prenne sur elle de résoudre le problème. La réponse de Jésus est totalement illogique: « Que nous importe à toi et à moi? ». Malgré la réponse négative, Marie demande aux serviteurs de faire ce qu'il leur dira. Il n'est pas logique non plus que ce soit Jésus qui solutionne le problème. Il n'est pas normal qu'il y ait dans une maison particulière six jarres d'une centaine de litres consacrées aux purifications. Pour finir, il est incompréhensible que ce soit le maître du festin qui reproche au marié d'avoir servi le mauvais vin pour commencer, alors que c'était à lui d'ordonner quel genre de vin devait être servi et à quel moment.

EXPLICATION

Le récit n'est pas une chronique des évènements survenus au cours d'un mariage. C'est le fruit d'une minutieuse et longue élaboration. On ne nous dit pas qui étaient les mariés ni quelle relation ils avaient avec Jésus. Ce que nous appelons normalement « le miracle » passe presque inaperçu. On ne nous dit même pas à quel moment l'eau est changée en vin. Il serait impossible de séparer ce qui a réellement pu se passer, des symboles qui parsèment le récit. Sans aucun doute, Jésus a dû assister à de nombreuses noces et dans chacune il a pu se passer des choses semblables. Mais ce que nous raconte Jean aujourd'hui est de la théologie. La clé pour comprendre les symboles se trouve au coeur de l'Ancien Testament, et de ce que dit Jean  de cette « heure » de la glorification de Jésus sur la croix.

Depuis Osée, les noces sont le signe qui est le plus utilisé pour désigner l'Alliance de Dieu avec son peuple. Sans cesse revient dans l'AT l'image de Dieu époux et du peuple épouse. La noce est inséparablement unie à l'idée de banquet, symbole des temps messianiques. Le vin était un élément inséparable du banquet. Dans l'AT, il était le signe de l'amour de Dieu envers son peuple. Le vin en abondance était le signe le plus sûr de la faveur de Dieu.

La Mère est le symbole de l'Alliance aujourd'hui caduque. Jésus et les disciples qui sont là aujourd’hui sont le peuple nouveau. Que Marie demande un miracle à Jésus est totalement invraisemblable. Que sa demande avance l'heure de faire des miracles est encore plus dépourvu de sens. L'heure à laquelle Jean fait référence est toujours l'heure de la mort de Jésus.

Le vin est le symbole de l'amour entre l'époux et l'épouse. Dans le mariage (Ancienne Alliance) il n'existe pas de relation d'amour entre Dieu et le peuple. La Mère, qui fait partie de la noce, se rend compte du manque. Elle n'appelle pas Jésus fils, et Jésus ne l'appelle pas mère. Il ne s'agit pas ici d'une relation familiale. Marie représente l'Israël fidèle qui attend le Messie. Jésus naît de l'Israël véritable et va faire que s'accomplissent les promesses. La première étape est de lui apprendre ce qui manque « Ils n'ont plus de vin ». Elle ne s'adresse ni au maître, ni au marié. Elle s'adresse à Jésus, qui est pour Jean le seul qui puisse apporter le salut dont Israël a besoin.

Jésus invite sa mère à ne pas faire cas du problème. Il ne leur revient pas d'intervenir dans l'alliance périmée. Il pointe la nécessité de rompre avec le passé. Elle attend que le Messie règle ce qui existe déjà, mais Jésus lui fait comprendre qu'il est impossible de revenir en arrière. Il apporte une nouveauté radicale. Jean fait constamment référence à l' « heure » (la croix). Jésus invite à l'espérance, mais sa réalisation ne va pas être immédiate. Le vin nouveau dépend de cette heure-là. Mais en annonçant l'heure il a montré à la mère-Israël que le salut est proche.

« Faites ce qu'il vous dira ». Il n'y a que dans le contexte de l'Alliance que la phrase puisse être porteuse  de sens. Au Sinaï, le peuple avait prononcé la même phrase: « Nous ferons tout ce que dit le Seigneur ». Le Pharaon lui aussi disait aux serviteurs : Faites ce qu’il (Josue) vous dira . On voit dès lors clairement le sens profond du récit et ce qu'il veut signifier. Comme dans l'AT, le secret des relations avec Dieu est dé découvrir sa volonté et de l'accomplir.

Les jarres étaient « posées » là, sans aucun mouvement  Ce détail souligne l'importance qu'elles vont avoir dans le récit et leur caractère symbolique. Le nombre six (7 moins 1) symbolise l’incomplétude.. C'est le nombre des fêtes juives que rapporte cet évangile. La septième sera la Pâque. Les jarres sont faites de pierre, comme les tables de la loi, et elles symbolisent l'Ancienne Alliance. La loi de pierre ne connaît pas la miséricorde, ni l’amour (vides, sans eau ni vin). La loi est ce qui cause le manque d'amour (le vin). Cette conscience du péché était la conséquence de l'infinité de préceptes, impossibles à respecter. Jésus leur fait prendre conscience qu'elles sont vides, à savoir que le système de purification était inefficace.

Jésus propose le salut véritable, mais celui-ci ne va dépendre d'aucune loi (jarres). L'eau se changera en vin en dehors d'elles. « Ils avaient sorti de l'eau ». La purification nouvelle ne se fera pas avec de l'eau qui lave l'extérieur, mais avec du vin qui pénètre à l'intérieur et transforme le coeur. Ce n'est qu'après en avoir bu que le majordome se rend compte à quel point il est bon. Cette intériorité est l'offre originale de Jésus.

Ce que les serviteurs sortent des jarres, c’est de l'eau. Le majordome (classe dirigeante) ne s'est pas rendu compte du manque de vin. Ce qui signifie que les chefs se désintéressent  de la situation du peuple. Il leur paraît normal qu'on n'expérimente pas l'amour de Dieu, car là est le fondement de leur pouvoir. Le majordome ne connaît pas le don messianique, les serviteurs si. Le vin-amour comme don de l'Esprit est celui qui purifie, le seul qui puisse définitivement sauver.

Le vin est un vin de qualité. « Kalos » signifie toujours excellence. Le maitre du festin reconnaît que le vin nouveau est supérieur à celui d'avant. Mais il lui semble irrationnel que le « nouveau » soit meilleur que l'ancien. Il proteste pour cette raison. L'ancien doit toujours être meilleur. C'est cette attitude qui a empêché les chefs juifs d'accepter le message de Jésus. Pour eux, la situation passée était déjà définitive et toute nouveauté devait être ou intégrée dans la continuité avec le passé ou refusée. Aujourd'hui, nous faisons encore la même chose.

Curieusement, le dernier verset est la clé de l'interprétation de tout le récit. Il nous parle du premier signe d’une série qui va se développer au long de tout l'évangile. De plus, comme signe, il va servir de prototype et de règle d'interprétation pour ceux qui suivront. L'objectif de tous les signes est toujours le même: manifester « sa gloire ». Nous savons déjà que la seule gloire qu'admette Jésus est l'amour de Dieu manifesté en lui. La gloire de Dieu et de Jésus consiste dans la nouvelle relation que Dieu établit avec l'homme, faisant de lui un fils, capable d'aimer comme il aime, lui.

APPLICATION

Le plus surprenant est qu'on utilise l'image d'une noce pour nous parler des relations de Dieu avec l'homme. Dieu se manifeste par tous les évènements qui nous invitent à la vie. Dieu ne veut pas que nous renoncions à rien de ce qui est véritablement humain. Dieu veut que nous vivions le divin dans ce qui est quotidien et normal. Penser à la souffrance et au renoncement comme des exigences divines est anti-évangélique.

Le message pour nous aujourd'hui est très simple, mais dérangeant. Ni les rites, ni les ablutions ne peuvent purifier l'être humain. Il n'y a qu'en goûtant au vin-amour qu'il pourra se retrouver propre et purifié. Quand nous découvrons en nous la présence de Dieu identifié avec tout notre être, nous pourrons alors vivre l'immense joie qui naît de l'unité. Que personne ne te mystifie. Le meilleur vin n'est pas celui qu'on verse à boire, il est caché au coeur de toi même.

 

Fray Marcos

Traduction Maurice Audibert

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